Imaginez. Chaque matin, en arrivant au travail, ce n’est plus vers votre bureau que vous vous dirigez, mais vers un casier dans lequel vous récupérez ordinateur portable et dossiers. Pas de bureau fixe, des postes interchangeables et des salariés nomades : sous couvert de modernité et de bien-être pour les travailleurs, le « flex office » est d’une part, et surtout, un concept destiné à réduire les coûts, et d’autre part, un moyen de générer plus de productivité.

C’est le principe du flex office, qui consiste à ne plus avoir de bureau attitré mais bien de partager son bureau avec ses collaborateurs, quels qu’ils soient, du PDG au stagiaire, en passant par le manager et les ressources humaines.

L’aménagement de l’espace de travail n’échappe pas à la mode, encore moins aux considérations économiques. Le prix au mètre carré s’est envolé dans les grandes villes (d’où le choix d’IVRY pour le prochain site de la CDC).

Faire des économies sous couvert de « bien-être des salariés »

Venu des Etats-Unis, le phénomène du « flex office » est parisien, francilien, mais pas seulement. Contrairement à « l’open space », le salarié n’a pas de place réservée et s’assoit là où un siège est libre, sur un grand plateau ou dans un espace dédié avec une répartition « en quartiers ».

Il s’agit d’un « double langage » dans la « soi-disant volonté d’assurer un bien-être des salariés » au travers de la QVT, discours accompagnant souvent de tels projets, alors qu’il s’agit seulement de faire des économies et d’augmenter la productivité.

« On essaie d’habiller tout ça en disant : « c’est super les espaces ouverts, les gens sont ensemble, ils communiquent ». Mais dans la réalité cela débouche sur moins de communication et de plus mauvaise qualité, avec une inflation des mails ».

Une insécurité psychologique

Selon les organisations, les salariés mettent leurs effets dans un casier et peuvent s’isoler pour téléphoner par exemple dans des salles de réunion ou des « bulles » prévues à cet effet. La philosophie est aussi de mélanger la hiérarchie et les salariés lambda.

Le ‘flex office’ est un magnifique instrument de ‘story telling’ (le fait de raconter des histoires) : cela donne à voir la jeunesse éternelle des start-up californiennes et leur créativité, des relations managériales apaisées, un sentiment de liberté pour les collaborateurs, avec baby-foot à la clé et du mobilier hybride entre l’habitat et le bureau.

Un « stress supplémentaire »

« On voit courir les gens dans les couloirs avec leur téléphone pour trouver un endroit pour s’isoler, comme dans des escaliers, c’est un stress supplémentaire ».

Mettre en place le flex office pour ne faire que des économies de coût est un très mauvais calcul. Il faut un questionnement sur l’organisation du travail car les besoins des métiers ne sont pas les mêmes.

Dégradation des conditions de travail

Le « flex office » produit en général des conditions objectives de dégradation des conditions de travail. Les espaces sont réduits, on passe souvent en-deçà de 4 mètres carrés par personne. Par elle-même, c’est une organisation qui produit du manque de reconnaissance et envoie le message que les salariés sont interchangeables.

Et puis, en matière de collaboration, contrairement à l’idée de fluidité fréquemment mise en avant, le ‘flex office’ est une catastrophe. Les collaborations sont soit « contraintes » soit « frustrées ».

C’est pensé comme si les organisations étaient plates et éteintes alors qu’une organisation de travail, c’est quelque chose de complexe et de vivant ».

Pour FO et la CFTC, la transformation, la construction ou la rénovation et l’agencement des immeubles de la CDC sous la forme de « flex office » n’est pas de nature à créer un cadre de travail serein.

Nous pensons que contrairement aux affirmations de la Direction, cette organisation de travail sera génératrice de stress, de dégradation des conditions de travail ainsi que d’une perte reconnaissance pour les agents. De plus, la cohésion des différents collectifs de travail risque d’être mise à mal par ce type d’organisation du travail.

 

Tribune FO février 2021